Programme échauffement à partir des 12 premiers mouvements des exercices de base du tuishou

PEN, LU, AN, JI en pas fixes

PEN, LU, AN, JI pas fixes et passage de quelques techniques de mains

 

 

Extrait d'un article rédigé par Christian Bernapel ancien président de la Fédération Française des Arts Energétiques et Martiaux Chinois sur LES 8 POTENTIELS

PÉNG – parer, se protéger, couvrir Péng est au centre, grâce à lui, s’exprime chacun des 8 potentiels. Tout commence par Péng qui permet de garder sa distance, se protéger et observer attentivement, pour pénétrer l’esprit des choses. Il n’est pas nécessaire de l’exprimer par un geste, une simple attitude suffit. Parer, embrasser, avoir la sensation d’être « comme un ballon gonflé », que toute pression fait tourner sur lui-même autour de son centre.

L’énergie de Péng est comme un bouclier qui protège sur la pression ou la saisie d’un partenaire. Sa sensation intérieure est l’écoute vigilante de soi, de l’autre. Péng est le réflexe que l’on a si le ciel nous tombe sur la tête ! ou quand il pleut, on ouvre le parapluie, ou comme l’air bag qui se gonfle et protège, ou bien la bâche du pompier qui réceptionne la personne qui a sauté dans le vide, ou la raquette de tennis…

Péng est une enveloppe placée autour de soi : physique, mentale et psychique. Un principe de précaution, la réserve que l’on peut mettre vis-à-vis d’un interlocuteur avant d’aller plus avant.

Dans son aspect expansif, il permet de rejeter. Dans son aspect réceptif, il permet de contenir, d’absorber. En son milieu, il est comme l’enveloppe d’un ballon gonflé.

Ainsi, que ne représentent mieux Péng que deux planètes qui s’équilibrent dans leur distance et leurs mobilités relatives influencées par d’autres présences : la terre par rapport à la lune, au soleil, aux étoiles et planètes. C’est aussi une posture dont émane la confiance dans le calme et l’apaisement.

Péng se fait généralement avec l’avant-bras relié au centre qui peut tourner dans toutes les dimensions. Le souffle, la respiration et l’ensemble tendino-musculaire et squelettique en permettent la cohérence bio-mécanique. C’est aussi un état intérieur psychique créateur de la forme et de ce qui en émane.

 


Lǚ : tirer vers l’arrière, absorber, lisser, dévier, battre en retraite Lǚ agit comme un ballon qui tourne sur lui-même quand on le pousse. Son enveloppe se densifiant par la pression extérieure. Le principe de Lǚ introduit une résistance tangentielle à la force extérieure qui permet à chaque instant, à chaque infime partie du mouvement, d’appliquer le principe de transformation.

Cette force d’une once  de chaque instant permet de dévier des tonnes sans difficulté.

Tirer vers l’arrière, attirer l’adversaire dans le vide en favorisant sa poussée. Les caractères de lǚ et cǎi sont très proches d’où, suivant les écoles, certaines substitutions entre l’un et l’autre. Lǚ est la capacité d’accepter l’autre, de dire oui pour comprendre ce qu’il souhaite et de se donner le temps d’analyser, de comprendre et de s’adapter en préparant la réponse.

On retrouve lǚ dans toutes les rotations induites par l’action du partenaire. C’est aussi une façon de se défendre pacifiquement de dévier pour ne pas être atteint. L’action de lǚ permet aussi de retourner l’action de l’autre, à son propre avantage, sans la rejeter.


ÀN : appuyer sur, repousser, contenir, Repousser ou bien contenir des deux mains ou bien avec une seule.

L’action de repousser est progressive et déstabilise comme une vague qui submerge. C’est une énergie qui repousse tout en déracinant. Les clés de ce mouvement sont variables selon les écoles, leur point commun étant un mouvement biomécanique induit par la jambe arrière ou la jambe avant, ou les deux. Elle est conduite par le lien entre le bassin et la ceinture scapulaire.

Contenir permet de garder la distance. Absorber, c’est amortir une pression en se densifiant (semblable à la fonction compressive de Péng). Péng – Àn : s’emboîtent et se complètent.

Àn permet à péng de s’exprimer, péng donne sa dimension active à Àn.

La prise de contact avec un partenaire se fait communément par l’un ou l’autre de ces tiels. Actif, passif, centré en écoute, passif-actif ; c’est selon ! Àn et Péng sont complémentaires et peuvent s’appliquer à deux : quand Àn appuie, Péng absorbe quand Péng s’expanse, Àn amortit.

Péng et Àn permettent de poser la distance à soimême, à l’espace, à l’action de l’autre. Ils s’articulent avec Lü et Jǐ mais aussi avec les 4 suivants – Cǎi, Liè, Zhǒu, Kào - par couples triptyques ou multiples et permettent l’accès aux infinies possibilités des gestes qui s’enchaînent, se lient, se complètent, s’opposent ou fusionnent. Péng – Lǚ – Àn : cette application circulaire complémentaire et cyclique des 3 premiers potentiels permet le premier des échanges entre deux personnes en complémentarité par permutation circulaire. C’est le geste du joueur de pelote basque, de tennis ou de raquettes chinoises qui réceptionne, accueille, amortit et renvoie. Un échange d’arguments et de contre-arguments dans un échange d’opinions !


JǏ : presser, bousculer, comprimer, serrer Jǐ allie Péng et Àn dans une combinaison de Péng qui contient et de Àn qui presse.

Ces deux actions interagissent comme un ressort que l’on comprime et que l’on relâche soudainement. D’où son action percutante. L’action de presser est percutante. C’est une énergie qui pénètre dans le corps de l’autre. Son action est violente et peut détruire les organes internes, si elle est appliquée avec vigueur. Jǐ permet de conclure en cas de besoin. C’est aussi dans sa fonction yin un recours précieux pour les autres potentiels, lorsqu’ils sont « débordés ». 

Dans son aspect yin, on retrouve Jǐ dans le soutien qu’il peut donner à Péng lorsqu’il ne peut plus faire face ou dans Lǚ pour consolider la protection ou dans Àn pour le soutenir. Péng – Lǚ – Àn – Jǐ : Circularité et échange des 4 premiers potentiels. C’est un exercice courant dans toutes les écoles, qui permet la succession et la compréhension et des 4 premiers potentiels, ainsi que leurs transformations réciproques. Les 4 potentiels suivants procèdent d’expressions plus « martiales ».


CǍI : cueillir, recueillir, extraire, choisir Action de cueillir, d’intercepter, de couper, de pénétrer, Cǎi s’applique aux niveaux bas, médian ou haut. Cǎi cueille, dans le sens de cueillir un fruit. Geste qui nécessite l’expression d’une action sèche pour détacher le fruit de sa tige. Ainsi, l’esprit de Cǎi a un sens de rupture avec son attache : déraciner. Dans Cǎi apparaissent les notions complémentaires de saisir, puis de tirer, pour induire une réaction du partenaire que l’on va exploiter en allant soudainement dans son sens après avoir relâché la saisie. Il nécessite une saisie préalable que l’on relâche dans un second temps (d’où le terme cueillir). Cǎi cherche aussi à s’insinuer comme un cheval de Troie pour influencer, agir de l’intérieur pour décontenancer, surprendre. Cǎi se substitue parfois à Lǚ, voire à Liè selon les styles dans lesquels elle est dénommée tirer, tirer vers le bas.

 

LIÈ – tordre, plier, lever, séparer Dans Liè, il y a l’utilisation du principe du levier. Comme un pied de biche, il a un côté court et un côté long autour du point d’appui. Il nécessite la mise en place de trois points (dont un fixe) en triangle pour agir. Le point d’appui pouvant varier suivant la situation ou son évolution. Liè nécessite un point d’appui pour pouvoir être exécuté. Celui-ci est apporté par l’appui sur le partenaire ou sa résistance qui déplace le centre du polygone triangulaire de gravité (sa résistance à la torsion) de son bras soit vers le coude soit vers le poignet. C’est à l’acteur de Liè de susciter ce transfert en induisant une résistance plus accentuée d’un côté ou de l’autre.

 

ZHǑU : coup de coude Zhǒu est à l’ordre du jour dans les gestes contraints du confinement ! On joue aussi des coudes pour faire sa place ou l’on est au coude à coude. Zhǒu c’est se rejoindre dans la confrontation ou dans la connivence. Zhǒu est l’action du burin activée par le marteau. Son principe est proche de Jǐ. Son amplitude est courte mais redoutable. Imaginez le coup de marteau concis sur le burin qui permet de faire sauter l’éclat.

C’est une application redoutable car le contact avec le partenaire se fait avec le coude, pointu. Le poing du coude étant poussé par la main qui accentue encore la poussée de la jambe arrière opposée au coude. On allie la puissance de la cuisse à l’impulsion sèche et pénétrante de Jǐ par la main qui pousse le poing.

 

KÀO coup d’épaule, être près de…, s’appuyer sur, compter sur C’est l’action d’interposer son épaule avec l’intention de contenir ou de pousser pour déplacer ou projeter. On peut aussi simplement s’appuyer en connivence. Donner un coup de coude ou d’épaule peut aussi être pacifique : s’épauler, soutenir, se soutenir.

 

 

 

 

 

Ex 13 PENG LU AN JI SI SHOU LIANXU TUISHOU FA Technique des poussées successives et réciproques

PENG, LU, AN, JI